Sur le podium de Santiago, installé devant le Palais de la Moneda, que le Président de la République Sebastian Piñera a quitté pour féliciter les vainqueurs du Dakar 2013, ce sont au total 125 motards, 26 quadeurs, 90 équipages auto et 60 en camion qui ont défilé pour célébrer leur arrivée dans la capitale chilienne. Après 14 jours de course et plus de 8 000 kilomètres parcourus, ce sont donc 67% des véhicules enregistrés à Lima qui ont bouclé l’intégralité du parcours. Parmi les 70 pilotes Yamaha au départ de Lima, 46 ont rejoint samedi Santiago, dont 32 motos (YZ450F Rallye ou WR450F Rallye) et 14 quads YFM700R !
En signant son cinquième succès sur le Dakar, pour sa 12e participation, Cyril Despres poursuit son chemin glorieux dans l’histoire de la discipline et égale au palmarès de la catégorie Cyril Neveu. Dans son viseur, le Français peut maintenant ambitionner de rejoindre le recordman de victoires à moto, Stéphane Peterhansel. Mais les lauriers de l’édition 2013 sont aussi accompagnés d’enseignements sur la complexité des futurs défis qui attendent Despres. Sa victoire, qui a nécessité d’optimiser les ingrédients traditionnels, à savoir la performance physique et technique, la clairvoyance en navigation et le sens de la course, a aussi été construite sur des concours de circonstances (mais pas des hasards !), qui sont impossibles à agencer par la seule force de la volonté. Durant presque toute la première semaine, le tenant du titre a évolué en retrait, laissant essentiellement la vedette aux Yamaha YZ450F Rallye. Ses chances ont même semblé compromises à mi-chemin de l’étape marathon, courue sur deux jours avec une pause au bivouac isolé de Cachi, qu’il atteignait en 5e position du général, avec un moteur en vrac, et la promesse d’une pénalité de 15 minutes pour un échange standard avec le Polonais Marek Dabrowski.
Avec calme et sang-froid, Cyril Despres a su dès le lendemain composer avec les déboires, et surtout éviter une faute de navigation dans laquelle tombaient ses principaux devanciers. Sur l’étape de Cordoba, la plus longue du rallye, il achevait la concurrence en profitant de l’abandon de David Casteu (Yamaha YZ450F Rallye-Team Casteu-Yamaha Racing France-Elf) et les soucis Olivier Pain (Yamaha YZ450F Rallye-Yamaha Racing France-Yamalube). La route de Santiago lui était alors ouverte, avec pour mission supplémentaire d’accompagner son porteur d’eau et complice Ruben Faria à la deuxième marche du podium. Cet objectif complémentaire est également atteint, là-aussi au terme d’un chassé-croisé où c’est cette fois le Portugais qui bénéficiait des malheurs de Francisco Lopez, contraint à changer de moteur et à abandonner sur pénalité sa deuxième place à la veille de l’arrivée.
Si les Yamaha YZ450F Rallye ont exposé un niveau de performance capable de rivaliser avec les KTM, c’est en définitive « Chaleco » qui s’est révélé le plus menaçant pour les intérêts du couple Despres-Faria. Sans jamais prendre la tête du rallye, le chouchou du Président Piñera a tout de même mis la main sur cinq spéciales, dont la première et la dernière, et se positionne surtout 3e, à seulement 18’48 minutes du vainqueur. Il s’agit tout simplement du podium le plus serré du Dakar depuis 2005, année de la première victoire de Despres, devant Marc Coma et Alfie Cox.
Pour monter sur le deuxième podium de sa carrière sur le Dakar, Chaleco a su dompter son tempérament. C’est ce que devront apprendre à faire quelques-uns des futurs rivaux de Despres, à commencer par l’Espagnol Joan Barreda, quadruple vainqueur d’étapes mais seulement 17e au général. Coéquipier du vainqueur, l’Américain Kurt Caselli semble déjà à bonne école après avoir remporté deux étapes pour sa première participation. Ce n’est pourtant pas lui qui récolte le trophée du meilleur débutant, mais le Sud-Africain Riaan Van Niekerk, 13e du classement général. Chez les motards engagés sans assistance, Hugo Payen (Yamaha WR450F-Yamaha Racing France-Yam Nantes) a promené sans trop amocher la marraine dénudée de sa moto 69 jusqu’à Santiago, avec le meilleur temps de la catégorie, en 49e position. Mais Laia Sanz reste la seule pilote féminine à l’arrivée, en combinaison et en 93e position. Mention spéciale à Luis Belaustegui, qui ferme le peloton des motards mais parvient à boucler le Dakar pour sa troisième tentative au guidon d’une 150 cm3, avec 60 heures de plus que Despres passées en piste. Chapeau bas !
Le plateau était le plus étoffé et le plus compétitif de la jeune histoire de la catégorie. Avec 12 nationalités représentées, la victoire de Marcos Patronelli (Yamaha YFM700R-HFP-Yamaha Racing Team Argentina-Yamalube) prend ainsi tout son relief. Succédant à son frère ainé Alejandro, absent de l’édition et double vainqueur (en 2012 et 2011) avec le Yamaha YFM700R, l’Argentin ajoute un autre trophée à son sacre de 2010. Mais si la mainmise des Patronelli est un fait établi (le cadet des Patronelli s’adjugeant encore cette année 4 étapes et finissant avec 1h35 d’avance sur son dauphin Ignacio Nicolás Casale (Yamaha YFM700R-Autogasco) et 3h18 sur le 3e Rafal Sonik (Yamaha YFM700R-Poland National Team)), cette 35e édition a aussi vu l’émergence de nouvelles figures qui dès leur première participation ont montré leur compétitivité. C’est le cas du Sud Africain Van Biljon, de Sebastian Husseini ou de l’Australien Paul Smith, tous vainqueurs d’étapes, comme le Péruvien Ignacio Flores Seminario (Yamaha YFM700R-Yamaha Racing Team Peru) et les Chiliens Ignacio Nicolás Casale (Yamaha YFM700R-Autogasco) et Palma. Voilà bien le signe de l’installation de nouveaux compétiteurs crédibles et décomplexés face aux frères argentins. Peut-être un tournant dans la catégorie.
Un coup d’œil rapide pourrait laisser penser que la 35e édition du Dakar s’est bornée à une course tranquille pour Stéphane Peterhansel, leader inébranlable du général dès le 2e jour, et au final vainqueur de son 11e Dakar toutes catégories confondues, le record. Reste que cette 5e victoire auto, conquise avec 42’22 minutes d’avance sur Giniel De Villiers et 1h28 devant son coéquipier Leonid Novitskiy, est davantage due à la défaillance de ses rivaux qu’à la suprématie du pilote Mini en piste. En effet, vainqueur deux spéciales, « Peter » a roulé toute la première semaine sous la menace du buggy de Nasser Al-Attiyah, et ne doit qu’à l’abandon du Qatari, à l’étape 9, d’avoir pu « gérer » en 2e semaine une avance déjà large sur le Sud-Africain, victime d’une rédhibitoire erreur de navigation dès la 3e étape.
Classement Général Final
Classement Yamaha