Dakar 2004 David Frétigné (Yamaha WR450F 2x2) 12e après l'étape marathon !

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David Frétigné (Yamaha WR450F 2x2) 12^e après l’étape marathon !

Par Jean-Paul Ancion (YMF) | Publié le 10 janvier 2004 à 01:39 - Modifié le 13 janvier 2004 à 16:56

En terminant 13e à Néma, David Frétigné (Yamaha WR450F 2x2 - Yamaha Motor France Ipone) décroche la 12e place au général provisoire après une étape marathon de folie...

Après deux étapes sans assistance entre Atar et Néma de plus de 1 100 km, les rescapés du 26^e Dakar auront trois journées devant eux pour se refaire une santé. En effet, pour des raisons liées à la sécurité du rallye et de ses participants, les organisateurs ont jugé nécessaire de procéder à une modification du tracé des 10^e et 11^e étapes : Néma - Mopti et Mopti - Bobo Dioulasso. Ces deux étapes seront annulées et remplacées par une liaison libre à destination de Bamako, puis de Bobo Dioulasso. Cette décision a été prise après consultation des autorités maliennes et françaises. Des groupes armés ont été aperçus dans la région de Mopti. Les concurrents moto effectueront le parcours Néma-Bamako par avion. Le rallye fera donc halte samedi 10 janvier à Bamako et rejoindra le lendemain Bobo Dioulasso, qui accueillera comme prévu la journée de repos, et d’où l’épreuve reprendra son cours normal le mardi 13 janvier.

L’étape du jour à une nouvelle fois été rude pour les 92 motards (sur les 195 engagés) au départ de Tidjikja ce matin. « Nani » Roma, leader du général, mais aussi Richard Sainct, Fabrizio Meoni, Isidre Esteve (toujours en course) et Jean Brucy ont roulé de concert durant le premier tiers de la spéciale jusqu’à Tichit. David Frétigné (Yamaha WR450F 2x2 - Yamaha Motor France Ipone), parti 22^e ce matin, pointait déjà à la 12^e place au CP1. À peine 100 km plus loin, Cyril Desprès passait aux commandes avec dans sa roue Alfie Cox, Meoni, Sainct et Roma, alors que David Frétigné, un peu déboussolé par la navigation sans GPS, avait perdu deux places au CP2. Au final, Desprès conservait l’avantage devant le Sud-Africain et Sainct. David terminait la spéciale durement touché par la fatigue à la 13^e position (1h04 du leader) et une nouvelle fois devant son adversaire direct Matteo Graziani en 450.

Analyse de la spéciale de David Frétigné :

	Départ	CP1	CP2	Arrivée	Général
Kilométrage	0	236	439	736
Position	22^e	12^e	14^e	13^e	12^e

Au classement provisoire, Roma mène avec 3’33 d’avance sur Sainct. Jean Brucy a perdu sa 3^e place dans une lourde chute au kilomètre 600. Souffrant d’une épaule, il est contraint d’abandonner là son rallye. Cox monte sur le podium provisoire devant Desprès qui effectue une belle opération aujourd’hui et pointe à moins de 59 minutes du leader. David Frétigné, au guidon de sa surprenante Yamaha WR450F 2-Trac deux roues motrices, fait un bond en avant et pointe ce soir à Néma à la 12^e place devant le duo italien Marchini-Graziani.

« Ce soir, je suis très content mais fatigué par cet enchaînement d’étapes très durs », commente David Frétigné à son arrivée à Néma. « Depuis deux jours, c’est de la folie. On roule comme des fous et c’est très très éprouvant avec de longues étapes très techniques. Hier j’ai vraiment galéré et je n’ai pas arrêté de me perdre parce que le compteur n’affichait pas exactement le bon kilométrage. Il est sur la roue avant évidemment et comme j’ai pas arrêté de patiner, je n’avais aucune précision sur l’endroit où j’étais. Ensuite au bivouac, j’ai dormi par terre sur un bout de tapis, car sur une étape marathon, tu n’as le droit à rien. Juste ton sac de couchage, c’est un peu l’aventure...

Aujourd’hui, c’était plus simple en navigation donc je ne me suis pas trop perdu malgré l’absence de GPS. Pas trop de changements de pistes, c’était assez rectiligne et relativement rapide. En plus, on est passé dans des endroits incroyables, notamment après Tichit au Rocher des Éléphants. C’était splendide à voir avec des immensités de désert à perte de vue et des gros rochers au beau milieu de rien. Tu te demandes ce que ça fait là et c’est impressionnant.

Physiquement pour moi ça va mais je souffre du manque de sommeil. Cette nuit je vais pouvoir me reposer enfin et avec ce qui se passe sur le rallye, on va avoir trois jours de repos. C’est vrai que l’organisation a pris une sage décision en supprimant les deux prochaines étapes, car ça fait peur ! Cet après-midi en spéciale, il y avait plein de 4x4 avec des types armés jusqu’aux dents et je ne savais pas si c’était des militaires ou quoi que ce soit. Je peux te dire que ça fait vraiment très peur et quand j’ai vu la nuit qui commençait à tomber, j’ai mis les bouchées doubles pour rejoindre Néma. Sachant qu’il y a encore plein de gars dans le désert, je leur souhaite bon courage !

Je viens d’avoir ma petite famille au téléphone tout à l’heure. Ma femme suit la course à la télé et sur les sites Internet de ASO et de Yamaha Motor France (www.yamaha-motor.fr), et elle est toujours autant stressée. J’arrête pas de lui dire que je suis très prudent même si la course reste très dangereuse mais rien n’y fait. C’est vrai que personne n’est à l’abris d’une chute. Ce matin, je me suis accroché avec un autre concurrent. Il a loupé son freinage et on est tombé tous les deux heureusement sans mal. À 100 km de l’arrivée, j’ai bien failli me retrouver par terre également. J’avais pas vu un énorme trou qui n’était pas signalé et j’ai eu une chance terrible de ne pas tomber mais je me suis fait une grosse peur. C’est souvent comme ça à la fin de la spéciale. Tu te déconcentres en te disant que tu es arrivé et il se passe toujours quelque chose. C’est vrai que rester concentré pendant 11h sur la moto, c’est vraiment dur. Il faut sans arrêt se motiver car c’est tellement long mais je ne regrette rien. Ces grosses étapes là, pour aller au bout, tu les gagnes au moral sinon tu t’écroules. Pour nous les meilleurs, ça se passe comme ça mais pour les autres (les poireaux) c’est terrible.

Concernant mon classement au général provisoire, pour moi c’est parfait. 12^e, c’est vraiment génial et je ne peux pas espérer mieux compte tenu du nombre de motos d’usines super puissantes devant. En plus, je profite tous les jours des événements et je pense qu’avec ma Yamaha WR450F 2x2, je peux faire dans les 10 si tout se passe bien. En catégorie 450, pour le moment je contrôle assez bien Matteo Graziani qui termine une minute derrière moi aujourd’hui. Au général de la catégorie, il est a presque une heure derrière.

Alain Maréchal, le chauffeur du 6x6 Yamaha Motor France Ipone, Christian Caillon et Franck Helbert vont super bien. Ils m’ont beaucoup manqué hier soir au bivouac. À Tan Tan, ils ont beaucoup stressé car ils ne me voyaient pas arriver et tout est rentré dans l’ordre ensuite. Dans la journée, Frank (Helbert) est impressionné par la vitesse à bord du camion. Alain (Maréchal) pilote le Mercedes comme un dieu et chaque nuit, avec Christian (Caillon), ils font un super travail pour remettre en état la moto et souvent sans dormir pour reprendre la route le lendemain. À Atar, j’avais mis la moto à côté de ma tente au bivouac avec un mot dessus... Franck a ouvert le moteur en arrivant à 1h du matin et il était nickel, comme neuf. C’est dire que le 450F est un super moteur. Il l’a changé par sécurité mais je suis certain qu’il pouvait rallier Dakar sans problème. »

Chez les autos, si Hiroshi Masuoka gagne l’étape du jour avec 18’32 d’avance sur Stéphane Peterhansel, le Français gère parfaitement sa course en tête du classement général provisoire avec plus d’une heure de mieux sur son co-équipier.

Samedi et dimanche, les 10^e et 11^e étapes sont annulées et remplacées par une liaison libre à destination de Bamako, puis de Bobo Dioulasso. Les concurrents moto effectueront le parcours Néma-Bamako grâce à un pont aérien. Le rallye fera donc halte samedi 10 janvier à Bamako et rejoindra le lendemain Bobo Dioulasso, qui accueillera comme prévu la journée de repos, et d’où l’épreuve reprendra son cours normal le mardi 13 janvier.