La course a repris ses droits aujourd’hui sur les 370 km de la spéciale du jour entre Bamako et Kayes au Mali. Si David Frétigné (Yamaha WR450F - Yamaha MF Gauloises Ipone) s’est montré le plus rapide après 246 km (CP2), c’est Andy Caldecott, en lutte pour la 5e place au provisoire avec le pilote Yamaha Motor France, qui gagne la spéciale avec 2’6" d’avance...
Avec l’entrée au Mali et un terrain globalement plus roulant, l’étape de reprise après une journée de deuil pour les motos a profité à Andy Caldecott et David Frétigné (Yamaha WR450F - Yamaha MF Gauloises Ipone). Brassard noir noué au bras gauche en souvenir de Fabrizio Meoni, les 108 motards encore en course ont fait leurs premiers kilomètres au Mali dans la nuit, pour une longue liaison de 205 km qui les menait au départ de la spéciale.
Au-delà du contexte particulièrement douloureux de cette reprise pour tous les pilotes, c’est surtout du changement de décor entre le désert et l’Afrique noire qu’ont profité Andy Caldecott et, dans une moindre mesure Chris Blais, pour signer les deux meilleurs temps au CP1 devant David Frétigné déjà en embuscade au guidon de sa Yamaha WR450F. À ce stade, le leader du classement général Cyril Despres accusait un retard de 6’35" lié à une légère chute qui l’a obligé à rouler avec un pot d’échappement endommagé jusqu’à ce poste de ravitaillement.
La deuxième partie, propice au pilotage pur, a permis à David Frétigné, expert en la matière, de prendre au kilomètre 246 un avantage de 1’13" sur l’Australien, avec qui la lutte à distance était lancée. Mais avec sa Yamaha de plus petite cylindrée, Frétigné n’a pu rivaliser en termes de vitesse pure avec Caldecott sur une portion très roulante qui composait la dernière partie de la spéciale. Ce dernier signe en conséquence sa deuxième victoire sur le rallye devant le pilote Yamaha et Despres (7e de l’étape) qui conserve la tête du classement général avec 16’ d’avance sur Coma.
La lutte pour la 5e place est donc engagée entre David Frétigné et Andy Caldecott. Si l’Australien a récupéré aujourd’hui deux minutes sur le Français, les trois dernières étapes du 27e Dakar risquent fort de ressembler à une épreuve de force entre les deux pilotes.
« Hier, c’était vraiment une dure journée », commente David Frétigné au bivouac de Kayes. « On a tous ruminé toute la journée et c’était pas très bon. On aurait jamais du annuler la spéciale de Bamako parce que la course aurait repris et cela aurait fait du bien aux esprits.
Aujourd’hui en revanche, j’ai repris la moto avec beaucoup de plaisir. Reprendre ses marques petit à petit même si ce n’était pas très évident. J’ai encore plein de flashes de la journée de mardi avec Fabrizio. J’ai réussi à me concentrer sur la course comme j’ai l’habitude de faire et ça c’est très bien passé avec cette 2e place en spéciale. Dommage qu’il y avait beaucoup de poussière mais sinon, en elle même, la spéciale était sympa avec des secteurs techniques et du rapide. Demain la 14e étape sera du même tonneau et je vais encore me régaler.
Concernant le temps perdu mardi, ASO en discute actuellement. Même si le règlement ne prévoit pas ce cas de figure, j’ai bon espoir que l’on me donne un temps forfaitaire pour avoir porté secours à Fabrizio. Ce soir, la balle est dans le camp de KTM qui en discute avec la direction de course. Ici, tout le monde est maintenant conscient que ça me pénalise beaucoup.
Aujourd’hui, c’était assez compliqué pour doubler quelques concurrents car je partais de la 15e place. C’est dommage car j’aurais pu sans aucun doute améliorer mon chrono et gagner la spéciale. Andy Caldecott est très rapide sur ce type de piste en brousse. Ça ressemble beaucoup à ce que j’ai connu en Australie l’année dernière. Il faut que je méfie de lui car il est revenu à 7 minutes. Je sais que son objectif est de me prendre la 5e place et le mien de la conserver, voire accéder au podium puisque je suis à moins de 14 minutes d’Alfie Cox (3e).
Si ce soir, ASO décide de me donner les minutes perdues mardi, je ne suis pas loin du podium. Tout reste encore possible à trois étapes de la fin. Je peux tout aussi bien gagner des places comme en perdre, alors je vais rester méfiant tout en attaquant avec ma Yamaha WR450F. Demain, je partirai devant avec Caldecott et je crois que l’on va se départager à un moment ou à un autre. Ce qui est important aujourd’hui, c’est que nous sommes dans le coup, que la moto marche vraiment très très bien et ça c’est que du bonheur. Je suis très heureux de travailler avec Yamaha Motor France et avec des personnes compétentes et passionnées. Au quotidien, Christian Caillon, Nicolas Bravard et Alain Maréchal font tout pour que je me retrouve chaque soir dans un environnement idéal. Avec eux je me sens bien et c’est pour ça que j’arrive à me libérer autant sur la piste... »
Alain Gorla (Yamaha WR450F - Starter 84) jamais aussi près du but
Sa 3e participation au Dakar semble être la bonne pour Alain Gorla, le concessionnaire Yamaha Starter 84 à Avignon. En 1996 et l’an passé au guidon d’une Yamaha 660 XTZ, Gorla avait échoué en Mauritanie dans la 7e étape. Cette année, il compte bien voir Dakar samedi avant la spéciale finale du lendemain. Depuis 25 ans qu’Alain Gorla parle moto et une quinzaine d’années sous les couleurs de Yamaha, il a fait de sa carrière une réussite humaine et sportive. Pour preuve, l’aîné Benjamin est le spécialiste du quad à 22 ans et son frère Antoine (18 ans) suit depuis peu ses traces. Son nouveau magasin de 2 000 m2 lui permet de ventiler dans tout le Vaucluse des motos, scooters, quads et jets Yamaha.
« En effet, Alain Gorla n’a pas pu aller au delà de la 7e étape dans ses deux premières tentatives », commente Anne Pichard, la comptable de Yamaha Starter 84. « Cette année tout est bien différent. On a passé la Mauritanie avec lui en pensée et très nerveusement. Pour lui, il reste deux étapes puisqu’il ne compte pas la spéciale Dakar-Dakar. Son seul désir est d’arriver dans la capitale sénégalaise. Alain joue la sécurité au guidon de sa Yamaha WR450F préparée dans les ateliers de YMF. Aujourd’hui, en terminant 59e de la spéciale, il a gagné une place au général (53e) et gère facilement sa course. Il gère son pilotage comme il gère son entreprise avec prudence mais quand il faut prendre des risques, il sait se lancer. Il faut ajouter également qu’il dispose d’une super machine, la Yamaha WR450F, qui a montré une fiabilité incroyable. »
« La spéciale aujourd’hui était très bien mais un peu dangereuse à cause de nombreux animaux qui traversaient » , précise Alain Gorla au bivouac de Kayes. « Tout va bien pour le moment et mon seul souci reste mes mains qui gonflent après des journées de 5h30 sur la moto. Pour moi le classement n’est pas essentiel. Mon objectif est d’arriver à Dakar pour voir le Lac Rose. En tout cas, la Yamaha WR450F avec le système 2-Trac dans le sable, c’est du vrai bonheur… »
« Pendant que papa joue dans le désert, Bruno Barrière et moi sommes au magasin », ajoute Benjamin Gorla, le fils aîné d’Alain. « Je suis extrêmement fière de mon père surtout que ses deux premières tentatives avaient échoué dans la 7e étape. Cette année, il a bien conjuré le sort puisqu’il est arrivé 46e sur 54 justement dans la 7e étape et la plus dure du rallye. Je crois que c’est le vétéran des motards avec ses 50 ans et on peut lui tirer un coup de chapeau. On s’est beaucoup entraîné tous les deux pour préparer son Dakar et il est en passe de réussir son rêve, voir Dakar. »
Et de quatre pour « Peter » en auto
Stéphane Peterhansel (Mitsubishi) signe sa quatrième victoire d’étape dans ce Dakar 2005 et conforte du même coup son avance au classement général sur Luc Alphand (Mitsubishi), 2e sur la ligne d’arrivée de la spéciale à 4’17. A 1 267 km de l’arrivée, le sextuple vainqueur du Dakar à moto avec Yamaha et vainqueur en 2004 en auto a désormais 27’33 d’avance sur son coéquipier.
C’est de Sadiola, au Mali, que sera lancé le chronomètre, direction plein sud le long de la frontière sénégalaise. La piste en latérite rétrécit peu à peu pour mener à un paysage de savane aux environs de Satadougou. C’est là que le rallye traverse la rivière Falémé, qui reste dans la mémoire des plus anciens concurrents un lieu chargé d’histoire, symbole de l’entrée au Sénégal et d’arrivée toute proche. La piste qui conduit à Tambacounda alterne paysages de brousse, passages dans les villages et baignades éclair dans de petites rivières en pays Soninké.
Classement de l’étape du jour
Classement général provisoire