50e anniversaireToucher votre cœur
1er au 9 octobre 2005
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Jean-Claude Olivier

Interview de Jean-Claude Olivier, Président de Yamaha Motor France

À la veille du Mondial du Deux Roues, qui se tiendra du 1er au 9 octobre au Paris Expo Porte de Versailles, Jean-Claude Olivier, PDG de Yamaha Motor France a tenu a préciser l’engagement d’YMF à l’occasion du cinquantenaire de Yamaha et du 40e anniversaire de Yamaha France...

Que représente le Mondial du Deux Roues 2005 pour Yamaha ?

Le Mondial du Deux Roues est un événement particulièrement savoureux et que l’on va savourer avec gourmandise. Parce que c’est la célébration du 50e anniversaire de Yamaha et les 40 ans de Yamaha en France. C’est un rendez-vous que nous avons tous les deux ans et cette année nous nous sommes particulièrement appliqués pour présenter au public notre gamme deux roues et quad.

Cette année est une année forte en nouveautés et le Mondial du Deux Roues représente un événement à lui seul pour marquer l’arrivée de la gamme 2006 qui montre la forte implication de Yamaha pour marquer cette date anniversaire. Huit nouveaux modèles, c’est un événement exceptionnel car un constructeur en général peut s’offrir entre un modèle et demi et deux nouveaux modèles par an. Pour Yamaha cette année, c’est huit modèles. Pourquoi deux modèles par an, c’est parce que les constructeurs et Yamaha ont été obligés de se mettre au niveau d’Euro 3 [1] (6 fois moins de CO2 dans l’air) et tous nos moteurs ont été dépollués en les équipant de moteur quatre-temps injection directe, pots catalytiques et sondes lambdas. Une sonde qui corrige et régule les mélanges air-essence afin d’optimiser au maximum l’émission de gaz non brûlés. Cette évolution technologique nous a obligés à réduire un petit peu notre cadence de nouveautés depuis 2000. Car le coût d’Euro 0 à Euro 3, c’est l’équivalent d’un modèle par an en recherche et développement. Les motos font moins de bruit (78 décibels), surtout quand nos utilisateurs ne changent pas les échappements, et puis, c’est une occasion rêvée de lutter contre les phénomènes climatiques changeants. Les constructeurs doivent faire des efforts pour polluer le moins possible.

Cette gamme qui a déjà été dévoilée dans la presse, c’est évidemment une nouvelle FJR1300, une Fazer 1000, une MT-03, les nouvelles YZ250 et YZ450 à cadre alu et avec des moteurs qui ont beaucoup évolué, le nouveau scooter 125 X-Max, la R1 Spéciale et la R6 dans le bouquet des supersportives. Voilà donc un programme alléchant pour le public.

Yamaha en 50 ans mérite aujourd’hui cette reconnaissance d’un constructeur innovant qui a sublimé le design et qui a maintenu ce challenge de produire une haute technologie et une gamme extrêmement complète généraliste et des « spécialités niches ». Et puis derrière, c’est la passion d’une entreprise qui maintient un « Human Spirit » et un esprit de challenge par les hommes qui construisent chaque jour l’histoire de Yamaha aussi par la compétition comme avec Rossi et Everts. Il y a toujours un visage humain derrière le constructeur et c’est très important.

Deux jours avant, nous présenterons à la presse du monde entier (500 journalistes) nos nouveautés au Lido de Paris. Ensuite, le stand Yamaha accueillera la gamme complète deux roues et quad et nous nous appliquerons à le rendre attractif, ouvert et moderne. Le public pourra découvrir un stand qui conjugue l’histoire des 50 ans de Yamaha par les produits, le sport, les hommes et la technologie. Quand on regarde la première YA1 en 1955 et la dernière R6, on voit cette évolution formidable du constructeur par le design, la technologie et l’esprit de compétition. C’est ce que l’on a fait sur notre site Internet. Chaque semaine depuis le 16 février dernier, nous proposons de découvrir l’histoire de Yamaha de l’origine à nos jours. À l’issue de cette fabuleuse épopée sur Internet, il y aura un CD-Rom puis un livre qui réunira ses 50 numéros historiques.

Quelles sont les perspectives du marché du deux roues en France ?

Yamaha est leader sur le marché français depuis 1996 - nous l’avons été auparavant dans les années 1976, 80 et 85 - et nous sommes premiers pour la 10e année consécutive. Ce n’est pas un hasard, c’est le résultat d’un mérite. Yamaha a beaucoup travaillé en France et dans le monde sur ses produits pour mériter l’estime du marché et des clients car au final, c’est ce dernier qui choisit les produits et il les choisit si ces produits reflètent une valeur ajoutée : l’innovation, la technologie, la performance, la sécurité... Et puis derrière, il y a aussi une image sympathique lorsqu’on regarde évoluer Valentino Rossi. Pourquoi est-il venu chez Yamaha ? Et bien, il est venu chez Yamaha qui ne gagnait pas, parce qu’il avait confiance en la marque, confiance en ses capacités à faire évoluer son matériel et lui a su, par son charisme et ses compétences techniques, stimuler les ingénieurs et faire en sorte que la M1 soit aujourd’hui la meilleure machine du plateau sur l’ensemble des GP. Le meilleur pilote et la meilleure moto. Yamaha a une détermination pour aller chercher le leadership sur le marché et en même temps à un esprit de challenger travaillé et mérité.

Gagner du temps, c’est du plaisir. En perdre, c’est du stress...

Cette année, nous sommes sur un marché porteur malgré la conjoncture économique qui n’est pas excellente. Nous avons une croissance de marché de l’ordre de 5% et c’est une très bonne chose. Les deux roues en France ne sont pas encore assez représentatives parce que 200 000 unités sur une année, c’est 10 fois moins que l’automobile. Mais le marché du deux roues a atteint une certaine maturité du fait du prix de l’essence, du temps gagné, et de différentes choses. Petit à petit, le deux roues s’infiltre dans les villes et devient complémentaire. Il justifie sa capacité à apporter une solution au désencombrement des cités. Gain de temps d’où moins de stress, facilité de parking sont les clés aujourd’hui indispensables à différentes corporations et au plus grand nombre qui choisissent un scooter facile à utiliser et sûr pour les déplacements quotidiens, avec plaisir. Je roule tous les jours en T-Max et je mesure le gain de temps qu’il m’apporte et le plaisir que je prends à son guidon. Gagner du temps, c’est du plaisir. En perdre, c’est du stress.

Deux ou quatre roues, ces deux mondes ne doivent pas être en opposition et doivent s’accepter...

Concernant les chiffres du marché, la croissance depuis le 1er janvier est de +5,41% avec 194 000 immatriculations prévues en 2005. Ce sera le record atteint par le marché du deux roues en France. Il est encore faible car on peut imaginer 300 000 deux roues à terme et ce ne serait pas stupide de le prévoir. Progressivement, ce seront nos produits qui vont consolider le marcher. C’est aussi le comportement civique des utilisateurs, le respect des autres, de l’environnement... Qui feront que le deux roues méritera une popularité plus importante. Ainsi, le législateur comprendra qu’il est utile et qu’il s’inscrit dans une société à la recherche de plus de silence, moins de pollution, plus de praticité.

Chacun travaille pour son essor dans un contexte ludique car la moto est d’abord un plaisir. Je crois que chacun a la responsabilité d’entretenir cette image et de faire en sorte qu’elle soit demain meilleure qu’aujourd’hui. Je pense notamment à ceux qui modifient leurs échappements pour atteindre 95 décibels quand le règlement impose 78 décibels. C’est mieux pour leurs oreilles mais c’est très mauvais pour l’image de la moto. De la même manière, quand un automobiliste se gare pour laisser passer un deux roues ou quand il ne vous a pas vu, il faut le remercier ou être patient et l’encourager à vous respecter. Quand il ne vous a pas vu, il ne faut pas en faire un acte de vandalisme et au contraire accepter cette cohabitation avec les automobiles. Deux roues, quatre roues, ces deux mondes ne doivent pas être en opposition et doivent s’accepter.

C’est valable aussi hors des sentiers battus car Yamaha c’est aussi le tout-terrain. Lorsque l’on est en quad ou à moto, il faut aussi respecter les autres. Il me semble qu’à chaque fois que l’on a respecté l’autre, on améliore un peu plus l’image du deux roues.

Yamaha est toujours leader du marché...

Sur un volume de 146 000 deux roues vendus en France, Yamaha progresse de + 7,68% soit un peu mieux que le marché ; ceci dû essentiellement aux scooters 125. Ces derniers ont connu une croissance de 8,94% et Yamaha signe un très bon score de 20,89% avec une très forte croissance du marché.

En moto 125, le marché baisse de 2,80% alors que Yamaha augmente de 6,44%. Pour exemple la nouvelle YBR125 arrivée en concession en juin nous a permis de reconquérir ce que nous avions perdu avec Euro 2. À l’époque, nous avions perdu la TDR125 et la TW125. Forcément, la YBR125 nous permet de reprendre nos parts de marché perdues, il y a deux ans.

En moto, nous avons une croissance un peu moindre que celle du marché qui augmente de + 6,31% alors que notre croissance est de + 4,42%. À l’époque d’Euro 2, nous avions perdu les Diversion 600 et 900, la V-Max, l’XT600 à air et nous avons affaibli naturellement notre gamme. Nous cherchons à la reconstruire progressivement.

Yamaha est toujours leader avec une part de marché de 21,11% contre 20,67 l’an dernier. Honda est deuxième avec 17,58% et Suzuki troisième avec 15,76%. C’est un encouragement qu’il faut tous les jours confirmer. Nous sommes également leaders en jet, moteur hors bord, mais depuis l’homologation des ATV, nous ne le sommes plus dans cette catégorie mais nous y travaillons pour, un jour, reprendre le leadership.

Le scooter Yamaha au prix d’un ticket de métro...

Le Mondial du Deux Roues va stimuler le marcher. La presse va parler du deux roues et surtout les produits présentés sont extrêmement attractifs : propres, silencieux, attractifs et vont dans le sens d’un rétablissement du marché. Et même si aujourd’hui l’essence est chère, un scooter 125 ne consomme que 3 litres/100 km, c’est pratique, ça gagne du temps, c’est économique. On a vu qu’aujourd’hui acheter un scooter 125, ça coûte par jour le prix de deux tickets de métro à 1,40 €. Chez Yamaha avec 3 € par jour, on finance un scooter qui en plus à une valeur de revente, tandis que le ticket de métro, on le jette à la poubelle tous les soirs. Je n’ai rien contre le métro mais je pense que chacun est complémentaire de l’autre mais il y a des gens qui ont besoin de gagner du temps, de trouver un parking facilement ou qui n’ont pas le métro à leur porte. C’est valable aussi pour la province.

Quelle est la position de Yamaha Motor France concernant le développement d’Internet ?

On sait depuis peu que l’internaute français est devenu le premier consommateur mondial du Net avec 36 sessions par mois (moyenne mondiale : 31) et 80 sites visités par mois (moyenne mondiale : 66). Pour notre part, avec environ 2 800 000 pages vues au mois d’août dernier, le site de YMF est le premier site Yamaha en Europe devant Yamaha Motor Italia et celui de Yamaha Europe. C’est un premier constat positif quand on a un site créatif-réactif et bien animé qui alimente constamment la curiosité de l’internaute surtout quand il s’agit de produits ludiques comme le deux roues, le jet, la marine, l’ATV et la compétition. Yamaha France et Yamaha Europe ont fait de très gros efforts pour que leurs sites soient incitatifs et intéressants. Nous cherchons également à continuer d’alimenter cette brochure Internet et faire en sorte qu’à l’image du feuilleton sur l’histoire de Yamaha que nous mettons en ligne chaque semaine, notre site suive la même évolution au niveau animation, coloration, graphisme, densité de textes et de photos, réactivité et créativité. C’est fondamental pour mériter notre place de leader.

Quel est le bilan de la saison sportive de Yamaha ?

C’est un formidable bilan en MotoGP avec cette domination de Yamaha et de Rossi. Etre Champion du Monde à l’entrée du demi-siècle de Yamaha et être à nouveau aux commandes d’un championnat aussi relevé pour fêter les 50 ans de la marque, c’est absolument extraordinaire d’autant qu’il y avait une véritable armada contre Rossi, tous contre lui et Honda en premier. On peut admettre que le cocktail Rossi-Yamaha est un savant mélange de très haut niveau. Nous sommes très fiers d’avoir su mériter Rossi et Rossi très heureux d’avoir trouvé refuge dans une compagnie dont les valeurs technologiques et humaines sont très fortes et sans aucune ombre. Depuis le début de cette histoire, Rossi a compris que Yamaha est une compagnie différente des autres et que malgré sa taille (n°2 mondial), c’est une compagnie à visage humain.

En MX1, Stefan Everts est à nouveau Champion du Monde pour la 5e fois avec la YZ450F et en MX2, Yamaha a réussi à imposer sa YZ250F avec l’Italien Antonio Cairoli. Dans les deux catégories, Yamaha est Champion du Monde des constructeurs et c’est un magnifique résultat.

Yamaha va continuer à être présent dans l’ensemble des disciplines : au Dakar, en Enduro, sur les courses de sable, en motocross avec nos pilotes supports et en quad avec un palmarès exceptionnel cette année pour le YFZ450 dans les grandes courses du Championnat de France grâce à Romain Couprie et Grégory Lassaigne. En Endurance avec Christophe Guyot et son team vainqueur des 24 Heures du Mans 2005 qui vient de terminer second au Bol d’Or après s’être fait cambrioler son atelier la veille de son départ pour Magny-Cours. Ce fut un gros problème sur ce Bol d’Or car les voleurs ont dérobé chez Christophe une moto, un moteur, des allumages, notre réservoir de course... Et l’épreuve a été dure à gérer. Néanmoins, ça a été un très très beau résultat pour le GMT 94 et je salue particulièrement David Checa qui a fait un travail, une fois de plus, formidable, à la fois au Mans et à Magny-Cours lié à Sébastien Gimbert et William Costes.

À Pont de Vaux pour le Mondial de quad, le Yamaha Banshee 350 deux-temps a une nouvelle fois remporté l’épreuve. On dit souvent que c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe et le Banshee est une formidable machine à gagner. Ce 350 RDLC a marqué notre emprunte du sport-école et tous nos pilotes sont issus de ce moteur unique. Il a d’abord bouleversé toutes les valeurs et depuis, installé dans le Banshee, il gagne toujours 20 ans après.

Marc Germain en Enduro a tout gagné cette année. Je crois qu’il est le digne successeur de Stéphane (Peterhensel). Impossible d’oublier Stéphane qui reste une figure emblématique de l’entreprise et qui a initié cet esprit repris par David (Frétigné) qui l’a perpétué en gagnant tout ce qu’il a voulu. David se consacre maintenant plus au Dakar et Marc a pris sa succession en Enduro. Il a tout gagné, toutes les classiques et les titres français. S’il n’avait pas eu un cabochon de bougie aux ISDE, il pouvait monter sur le podium final avec l’Equipe de France.

Concernant l’implication de Yamaha Motor France en Mondial Superbike, nous n’avons pas atteint malheureusement nos objectifs et c’est une leçon à tirer. Nous n’étions pas compétitifs et je suis pessimiste quant au maintien de cette activité dans le futur parce que nous ne courrons pas pour être 15e. Nous courons pour gagner et progresser et je constate que depuis le début de la saison nos résultats ne se sont pas améliorés. Dans une conjoncture économique difficile où il faut constamment tirer nos prix, nous avons des obligations de résultats, alors aujourd’hui, nous réfléchissons à notre programme 2006 pour savoir ce qu’il va falloir poursuivre, arrêter, transformer et nous sommes dans une phase interrogative quant au programme Superbike.

C’est vrai pour le marché, c’est vrai pour la compétition. Les deux, sont une forme de compétition...

Nous avons lancé le Dakar avec David (Frétigné), une assistance client avec un camion d’assistance pour nos clients Yamaha et c’est un effort très important avec pour objectif de leur apporter le service qu’ils attendent sur le terrain.

Je n’oublie pas non plus les autres grands challenges comme le Touquet qui poursuit sa belle histoire et nous allons pouvoir aller chercher une 6e victoire afin de rapatrier définitivement le trophée de Hollande en France et le laisser chez nous longtemps avec le même pilote. Je pense évidemment à Kees van de Ven qui avec ses cinq victoires avait gardé le Trophée en Hollande et je pense surtout à Arnaud Demeester pour inscrire, je l’espère, le prochain ou celui d’après, une 6e victoire et laisser ce trophée définitivement à la France organisatrice de ce bel événement. Je me réjouis parce que la France est le berceau de l’organisation des grandes épreuves : le Bol d’Or, le Touquet, Dakar pour ne citer que ces trois là. Cela montre bien que l’on sait faire de très belles courses et pas seulement une année. Le Touquet, c’est 1976, le Dakar 1979 et le Bol d’Or la 69e édition.

Yamaha se réjouit bien entendu de tous ces résultats. Une course est terminée, on repart vers une autre course en challenger. C’est vrai pour le marché, c’est vrai pour la compétition. Les deux, c’est une forme de compétition.

[1] Valeur de CO2 au km sur la moyenne des deux roues Yamaha : Euro 0 (2000) -> 13 g, Euro 3 (2006) -> 2 g.

<>Jean-Claude Olivier - 1/1 : Jean-Claude Olivier, Président Yamaha Motor France (photo YMF)
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Photo 1
Jean-Claude Olivier, Président Yamaha Motor France (photo YMF) - 1
samedi 24 septembre 2005 par Jean-Paul ANCION
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